À Compiègne, une résidence pour faire oublier le handicap

Vendredi 22 mars sera inaugurée la Résidence Arcs-en-Ciel, qui mélange sept locataires handicapés et vingt-cinq locataires non handicapés. Créé par Jérôme et Véronique Bataille, cet établissement partagé propose une solution au problème de l’exclusion des personnes handicapées.

Au 10, rue Saint-Germain se trouve un immeuble hors du commun. La Résidence Arcs-en-Ciel accueille depuis le mois d’octobre, 25 locataires ordinaires et sept locataires en situation de handicap mental. Le concept de cet établissement unique en France : faire cohabiter des personnes en situation de handicap et des personnes non handicapées. Le projet a été mené par Jérôme et Véronique Bataille, parents de Quentin, un jeune homme trisomique aujourd’hui âgé de 27 ans travaille en milieu ordinaire. Quand est venue la question du logement de ce dernier, le couple a constaté que les foyers prenant en charge les personnes handicapées regroupent ces dernières entre elles.

« Le salon fonctionne comme la place du village »

À la résidence Arcs-en-Ciel, elles sont autonomes, mais bénéficient d’un accompagnement léger. En plus d’une cuisine et d’une grande salle à manger, des lieux de convivialité ont été construits, comme un grand salon aux confortables canapés, dans lequel les locataires ordinaires et extraordinaires se retrouvent tous les jours. « Ce lieu fonctionne comme la place du village, constate Jérôme Bataille, ravi : il permet que tous se réunissent et sortent de leur solitude. »

Pour Jérôme Bataille et Annick Pawlik, directrice de l’établissement, le résultat dépasse les attentes. « Nous avions parié sur une cohabitation bienveillante, mais nous ne pensions pas qu’il y aurait autant d’entraide entre les locataires. » Beaucoup de résidents font leurs courses, préparent les repas et mangent souvent ensemble. Des dîners et des activités sont prévus pour les volontaires, afin de continuer ce mélange. Jérôme Bataille constate qu’avec cette inclusion réelle, « on oublie le handicap pour ne voir que la personne ».

Beaucoup de demandes

Un des objectifs de Jérôme et Véronique Bataille a été de permettre au plus grand nombre de personnes d’intégrer la résidence. « Les loyers vont d’environ 500 euros pour un studio à 850 euros pour un T4. Nous avons eu beaucoup de demandes, que nous n’avons pas pu toutes accepter », reconnaît Annick Pawlik. Les sept habitants handicapés ont « retrouvé le bonheur. Ils sont stimulés par la présence des locataires ordinaires qui, eux, sont heureux d’aider leurs voisins handicapés », estime la directrice.

Ce modèle de résidence partagée est voué à s’exporter. Jérôme Bataille a déjà reçu des appels de personnes à Rouen, Toulouse et en région parisienne, qui souhaitent également construire ce genre d’immeuble. « Je suis bien sûr disposé à aider tous ces projets qui permettront une vraie inclusion des personnes handicapées », confie-t-il. À une semaine de l’inauguration de l’établissement, une dernière pierre viendra bientôt s’ajouter à l’édifice : une crèche est en cours de construction au rez-de-jardin. Elle ouvrira en septembre.

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